Étude d’une tragédie moderne :Antigone

   

           Fiche de lecture :

 

titre de l’oeuvre 

Antigone

Auteur et siècle

Jean Anouilh, le 20ème siècle

Date d’écriture et de présentation

Pièce écrite en 1942 et présentée en 1944

Genre

Tragédie moderne

Personnages principaux

Antigone, Ismène, Créon, Hémon

Époque de l’action

Antiquité grecque

Lieu de l’action

Palais de Thèbes dans la cité de Thèbes(Grèce)

Composition

Pas d’actes ni de scènes

Registre de langue (niveau de langue)

Langage courant, parfois familier Langue familière : La nourrice, les gardes…

Registre ou tonalité de la pièce

Registre tragique

Règles classiques

-Respect de la règle des trois unités (lieu, temps, action) -Respect de la règle de bienséance (pas de mort sur scène)

Type de texte

L’ensemble du texte est globalement argumentatif

Indications temporelles

-Quatre heures du matin (première tentative d’Antigone d’enterrer le cadavre de son frère) -Midi (deuxième tentative d’Antigone) -Cinq heures (fin de la pièce)

Dénouement

Tragique : mort d’Antigone, d’Hémon et d’Eurydice

Le prologue

Personnage extérieur à l’intrigue, hors liste

Présentation des personnages

Présentés du plus important au moins important

Les thèmes

La solitude, le bonheur, l’enfance et le devoir

Fonction du choeur

Représente l’opinion publique et le peuple de Thèbes

Rapport des personnages avec la loi

-Antigone : Respect de la loi divine -Créon : Respect de la loi humaine

Liens entre les personnages

-Antigone : fille d’OEdipe et nièce de Créon -Ismène : soeur d’Antigone -Créon : oncle d’Antigone (roi de Thèbes) -Hémon : fils de Créon et fiancé d’Antigone

Histoire de la pièce

Suite du mythe d’OEdipe : Antigone décide d’enterrer son frère et se dresser contre Créon, le roi, qui a interdit de donner les devoirs funèbres à Polynice, considéré comme un traître.

Arguments d’Antigone

-Polynice est son frère. -Il a le droit au repos. -Son devoir est de l’enterrer.

La notion de fatalité

Antigone ne peut échapper à son destin : La mort.

Les anachronismes

Décalages   chronologiques : situer à une époque ce qui appartient à une autre. Époque moderne

Figures de style

Des personnifications, des comparaisons, des métaphores, des antiphrases,……

Temps des verbes

Temps dominant : le présent. Emploi du conditionnel : scène Antigone et Hémon

 

 

Résumé des scènes de la pièce:

 

 

 

 

Scène 1 : Le prologue

Le prologue présente les personnages qui vont jouer la pièce et les décrit brièvement. Antigone, en sa qualité d’héroïne, passe en premier. Viennent ensuite Ismène, Hémon, Créon, la reine Eurydice, la nourrice, le page, le messager et les gardes. Au terme de son discours, le Prologue procède à un bref rappel de certains événements indispensables à la compréhension de l’histoire. Il insiste sur des faits saillants tels que la mort des deux frères d’Antigone, les funérailles dignes d’un héros accordées à Etéocle et le cruel châtiment infligé à Polynice condamné à pourrir sous les yeux horrifiés de Thèbes.

 

 
Scène 2 : Antigone et la nourrice

Antigone rentre chez elle. Elle est surprise par sa nourrice qui l’accable de questions pour savoir d’où elle vient à une heure aussi matinale. La jeune fille lui confie finalement qu’elle s’est rendue à un rendez-vous galant, un aveu qui irrite visiblement la vieille femme. Mais Antigone plaisante. La raison pour laquelle elle a quitté son domicile est toute autre.

 

 
Scène 3 : Antigone, la nourrice et Ismène

La nourrice fait des reproches aux deux princesses. Elles se sont levées très tôt et elles ne sont pas assez couvertes.

 

 
Scène 4 : Antigone et Ismène

Antigone révèle son intention d’enterrer le corps de Polynice malgré le décret royal. Ismène tente de la dissuader mais sans résultat.

 

 
Scène 5 : Antigone et la nourrice

Antigone qui a explosé de colère face à Ismène se montre très calme en présence de sa nourrice. Elle se confie corps et âme à la vieille femme pour être réconfortée. Au fil des répliques, la jeune fille dévoile partiellement son projet, mais la nourrice ne saisit pas le sens caché de ses propos.

 

 
Scène 6 : Antigone et Hémon

Antigone et Hémon se réconcilient après une dispute amoureuse. La jeune fille profite de ce retour à la normale pour demander à son fiancé s’il l’aime vraiment, et s’il ne regrette pas de l’avoir choisie au lieu d’Ismène. Après lui avoir avoué qu’elle est prête à se donner à lui sans la moindre hésitation, elle lui fait jurer de ne poser aucune question sur la décision qu’elle a prise et qui consiste à se séparer de lui.

 

 
Scène 7 : Antigone et Ismène

Ismène tente de raisonner sa sœur pour qu’elle renonce à sa folie, mais Antigone se montre inflexible. Avant de quitter son aînée, elle lui apprend qu’elle a déjà accompli son acte. Elle a enfreint le décret de Créon en enterrant Polynice.

 

 
Scène 8 : Créon et le garde

Jonas, le garde, informe Créon que le cadavre de Polynice a été couvert de terre. Hors de lui, le roi donne des ordres pour qu’on retrouve immédiatement celui qui a osé enfreindre sa loi. Mais le maître de Thèbes retrouve peu à peu son calme. Il enjoint au garde de ne pas divulguer le secret et le menace de mort en cas de désobéissance.

 

 
Scène 9 : Le Chœur

Le Chœur explique au public les différences qui existent entre la tragédie et la comédie, deux genres dramatiques diamétralement opposées. Dans son intervention, il procède à une sorte d’autopsie morale de l’héroïne qui « va pouvoir être elle-même pour la première fois. »

 

 
Scène 10 : Antigone et les trois gardes

Antigone est surprise en train de couvrir de terre le corps de Polynice. Elle informe les gardes qu’elle est la fille d’Oedipe, mais les rustres ne la croient pas. Ils se moquent d’elle et la traitent avec rudesse comme une vulgaire femme.

 
Scène 11 : Antigone, les gardes et Créon

Antigone est emmenée devant Créon. Ce dernier pense d’abord qu’il s’agit d’une erreur et menace les gardes des pires châtiments. Mais la jeune fille reconnaît son « crime » sans la moindre hésitation. Le roi essaie de la protéger ; il enferme les gardes et ordonne au page de les surveiller de près.

 
Scène 12 : Antigone et Créon

Créon fait tout ce qui est en son pouvoir pour sauver Antigone, mais cette dernière continue à reconnaître sa culpabilité avec entêtement. Pour montrer à sa nièce que son acte est absurde, le roi lui révèle certains secrets de famille particulièrement choquants qui trahissent l’horreur du monde politique. Profondément touchée par ces déclarations, Antigone s’apprête à se retirer quand Créon prononce le mot « bonheur ». En l’entendant, elle se révolte contre la vie médiocre que lui promet son oncle qui tente vainement de la réduire au silence.

 
Scène 13 : Antigone, Créon et Ismène

Ismène change d’opinion. Elle se confond en excuses et se montre prête à mourir avec Antigone. Mais cette dernière rejette son sacrifice pour ne pas l’impliquer dans une affaire qui la dépasse.

 
Scène 14 : Créon et le Chœur

Le Chœur tente de faire revenir Créon sur sa décision et l’amener à gracier Antigone. Mais le roi campe sur sa position. Sa nièce tient absolument à mourir. Il n y peut plus rien pour elle.

 
Scène 15 : Créon, le Chœur et Hémon

Hémon implore désespérément son père de sauver Antigone, en vain. Le Chœur tente de son côté d’attendrir le roi, mais il n’aboutit à aucun résultat. Le sort de l’héroïne est scellé. D’ailleurs, les Thébains se rassemblent déjà et réclament la tête de la condamnée.

 
Scène 16 : Créon et le Chœur

Le chœur a pitié d’Hémon et demande à Créon de faire quelque chose mais ce dernier avoue qu’il ne peut plus rien pour lui.

 
Scène 17 : Créon, le Chœur, Antigone et les gardes

Le garde informe Créon que les gens sont en train d’envahir le palais. Antigone demande à Créon de tout faire cesser puisqu’il a obtenu sa mort. Créon ordonne alors qu’on vide le palais.

 
Scène 18 : Antigone et le garde

Antigone est étroitement surveillée. Le garde reste indifférent à ses souffrances. Il ne pense qu’à sa promotion et aux avantages matériels qu’il va en tirer. Au fil du dialogue qu’il engage avec sa prisonnière, il lui révèle qu’elle sera murée vivante. Antigone accueille cette nouvelle avec un calme digne d’une héroïne tragique. Elle arrive à convaincre son garde, moyennant une bague en or, d’écrire une lettre pour elle dans laquelle elle exprime son regret d’avoir commis un acte absurde.

 
Scène 19 : Le Chœur et le Messager

Le Chœur entre en scène ; il est immédiatement suivi du Messager qui fait le récit des événements qui se sont déroulés dans les coulisses. Antigone s’est pendue avec les fils de sa ceinture dans le tombeau où se trouvait également Hémon. Ce dernier, au comble du désespoir, menaça de tuer Créon, puis il lui cracha au visage et se donna la mort à son tour.

 
Scène 20 : Le Chœur, Créon et le page

Le roi rentre au palais, complètement effondré. Là, le Chœur lui assène une terrible nouvelle. La reine Eurydice s’est donnée la mort après avoir appris le suicide de son fils avec Antigone. La solitude du roi devient plus insoutenable que jamais. Mais la raison d’Etat doit continuer à régner. Son rôle de roi passe avant toute autre considération.

  1.  
Scène 21 : Le Chœur et les gardes

Le Chœur se manifeste pour la dernière fois. Il parle de ceux qui sont morts et de ceux qui restent en vie, ainsi que des conséquences de la tragédie sur Thèbes qui s’est enfin apaisé. Les gardes, indifférents à ce qui se passe autour d’eux, continuent à jouer aux cartes comme si de rien n’était. La tragédie qui a violemment secoué le royaume de Créon ne les concerne en rien : « Ce n’est pas leurs oignons ».

Caractéristiques physiques et morales des principaux personnages :

Antigone: Fille 

d’Oedipe,nièce de 

Créon,soeur 

d’Ismène,d”Etéocle et 

Polynice ;elle n’est pas 

féminine,ni coquette ” la 

petite 

noiraude..renfermée….mal 

peignée” elle a un fort 

caractère ,déterminée 

,entêtée,éprise de liberté,de 

vérité,physiquement 

opposée à sa soeur.Fiancée 

,amoureuse d’hemon ,elle 

est entière,c’est une 

rebelle,ne voulant que le vrai 

bonheur,refusant “un 

bonheur ordinaire” avec 

Hémon , elle choisira la 

mort, page 100,car Polynice 

n’était qu’un prétexte, ceci 

car elle refuse de vivre dans 

un monde de lâcheté,elle 

refuse les compromis, 

l’hypocrisie ,l’injustice ,pour 

elle c’est ou tout blanc ou 

tout noir ,elle n’a pas de 

demie mesure ,elle rejette le 

bonheur que lui propose 

Créon ,c’est une idéaliste 

qui 

ne veut que le parfait. Elle 

est courageuse. Elle brave 

l’interdit de son oncle,en 

recouvrant le corps de 

Polynice ,elle est obstinée 

refusant la clémence de son 

oncle, à la fin elle préfére se 

pendre, craignant la 

souffrance  d’ être enterrée 

vivante.

Créon : l’oncle, le roi de 

Thèbes,ayant de l’affection 

pour sa nièce Antigone,père 

d’Hémon, époux d’Eurydice ” 

il a des rides,il est 

fatigué…cheveux blancs…il 

aimait les arts quand il 

n’était pas encore roi…au 

temps d’Oedipe ” il n’est pas 

un monstre,mais il doit se 

faire respecter, page 11 “il 

joue au jeu difficile 

….ouvrier” il est seul ,doit 

faire preuve d’autorité. 

Même s’il veut sauver 

Antigone,il va la condamner 

à mort car elle a choisi. Lui 

se contente ” de petits 

bonheurs ” disant toujours 

“oui” voir page 78/79.

Ismène : Soeur 

d’Antigone,de Popynice,et 

Etéocle ,elle est belle 

contrairement à sa soeur ” 

la 

blonde,la belle…gout des 

danses..dorée comme un 

fruit..” elle manque de 

caractère,elle admire sa 

sœur qui la fascine

les thèmes : l’amour, la 

solitude,le pouvoir,le 

bonheur,le suicide,la liberté 

de penser et d’agir.

Questions sur l’oeuvre :

1–Quelle est la date de représentation de l’oeuvre?

2–De quel siècle s’agit-il ?

3–Quel est le contexte historique du siècle ?

4–Quel est le contexte culturel ?

5–À quel courant appartient l’oeuvre ?

6–Qui est l’auteur d’Antigone ?

7–Quelle est sa nationalité ?

8–Quelle est sa date de naissance ?

9–Quelle est la date de décès ?

10–Citez deux oeuvres de l’auteur.

11–À quel genre dramatique appartient l’oeuvre?

–Justifiez votre réponse à partir de l’oeuvre.

12–Où se sont passées les actions?

13–De quelle époque parle Antigone?

14–Citez deux personnages rois.

–Citez deux personnages princes. –Citez deux personnages du peuple.

15–Que fait le prologue?

16–Que cherche à savoir la nourrice ?

17–Que demande Ismène à sa soeur Antigone ?

18–Que se passe-t-il entre Antigone et Hémon ?

19–Que vient annoncer le garde à Créon ?

20–Pourquoi le Chœur est-il intervenu ?

21–Pourquoi Antigone insiste -t- elle sur l’enterrement de son frère Polynice ?

22–Pourquoi Créon n’arrive -t-il pas à convaincre sa nièce ?

23–Quels sont les personnages qui sont intervenus auprès de Créon pour le pousser à sauver Antigone ?

Évaluation 1

La porte s’ouvre. Entre Ismène.

ISMÈNE, dans un cri.

Antigone!

ANTIGONE

Qu’est-ce que tu veux, toi aussi?

ISMÈNE

Antigone, pardon! Antigone, tu vois, je viens, j’ai du courage. J’irai maintenant avec toi.

ANTIGONE

Où iras-tu avec moi?

ISMÈNE

Si vous la faites mourir, il faudra me faire mourir avec elle!

ANTIGONE

Ah! non. Pas maintenant. Pas toi! C’est moi, c’est moi seule. Tu ne te figures pas que tu vas venir mourir avec moi maintenant. Ce serait trop facile!

ISMÈNE

Je ne veux pas vivre si tu meurs, je ne veux pas rester sans toi!

ANTIGONE

Tu as choisi la vie et moi la mort. Laisse-moi maintenant avec tes jérémiades. Il fallait y aller ce matin, à quatre pattes, dans la nuit. Il fallait aller gratter la terre avec tes ongles pendant qu’ils étaient tout près et te faire empoigner par eux comme une voleuse!

ISMÈNE

Hé bien, j’irai demain!

ANTIGONE

Tu l’entends, Créon? Elle aussi. Qui sait si cela ne va pas prendre à d’autres encore, en m’écoutant? Qu’est-ce que tu attends pour me faire taire, qu’est-ce que tu attends pour appeler tes gardes? Allons, Créon, un peu de courage, ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Allons, cuisinier, puisqu’il le faut!

CRÉON, crie soudain.

Gardes!

Les gardes apparaissent aussitôt.

CRÉON

Emmenez-la.

ANTIGONE,

dans un grand cri soulagé.

Enfin, Créon!

Les gardes se jettent sur elle et l’emmènent. Ismène sort en criant derrière elle.

ISMÈNE

Antigone! Antigone!

Créon est resté seul, le choeur entre et va à lui.

LE CHOEUR

Tu es fou, Créon. Qu’as-tu fait?

CRÉON,

qui regarde au loin devant lui.

Il fallait qu’elle meure.

LE CHŒUR

Ne laisse pas mourir Antigone, Créon! Nous allons tous porter cette plaie au côté, pendant des siècles.

CRÉON

C’est elle qui voulait mourir. Aucun de nous n’était assez fort pour la décider à vivre. Je le comprends, maintenant, Antigone était faite pour être morte. Elle-même ne le savait peut-être pas, mais Polynice n’était qu’un prétexte. Quand elle a dû y renoncer, elle a trouvé autre chose tout de suite. Ce qui importait pour elle, c’était de refuser et de mourir.

LE CHOEUR

C’est une enfant, Créon.

CRÉON

Que veux-tu que je fasse pour elle? La condamner à vivre?

HÉMON,

entre en criant.

Père!

CRÉON,

court à lui, l’embrasse.

Oublie-la, Hémon; oublie-la, mon petit.

HÉMON

Tu es fou, père. Lâche-moi.

CRÉON,

le tient plus fort

J’ai tout essayé pour la sauver, Hémon. J’ai tout essayé, je te le jure. Elle ne t’aime pas. Elle aurait pu vivre. Elle a préféré sa folie et la mort.

Questions de compréhension

1°) – Recopiez le tableau suivant puis complétez-le

Le genre de la pièce

Le dramaturge

Epoque de l’écriture

Epoque des événements

2°) – Présentez en trois lignes l’auteur de ce passage

………………………..

3°) – Situez le passage dans le déroulement tragique de l’histoire

4°) – En combien de scènes se compose ce passage? Justifiez votre réponse

Justification

5°) – il fallait y aller à quatre pattes, dans la nuit, il fallait gratter la terre avec tes ongles pendant qu’ils étaient tout près et te faire empoigner par eux comme une voleur

a – Que remplacent les pronoms soulignés :

b – Qui est allé à quatre pattes?……………………………….

c – Dans quel but?…………………..

6°) – Antigone, pardon! Antigone, tu vois, je viens, j’ai du courage. J’irai maintenant avec toi

a – Pourquoi Ismène demande –t-elle pardon?………………………………….

b – Où Ismène veut-elle aller avec Antigone?……………………………………

7°) – Relevez dans le passage une phrase qui montre que Antigone est un personnage tragique.

8°) – Relevez dans ce passage:

a – une comparaison:..

b – une métaphore:…..

9°) – Pourquoi, à votre avis, Antigone rejette-t-elle l’aide de sa soeur Ismène?

Évaluation 2

CREON: (…) -Tu l’apprendras, toi aussi, trop tard, la vie c’est un livre qu’on aime, c’est un enfant qui joue à vos pieds, un outil qu’on tient bien dans sa main, un banc pour se reposer le soir devant sa maison. Tu vas me mépriser encore, mais de découvrir cela, tu verras, c’est la consolation dérisoire de vieillir ; la vie, ce n’est peut-être tout de même que le bonheur.

ANTIGONE, murmure, le regard perdu : – Le bonheur…

CREON, a un peu honte soudain : – Un pauvre mot, hein?

ANTIGONE : – Quel sera-t-il, mon bonheur ? Quelle femme heureuse deviendra-t-elle, la petite Antigone ? Quelles pauvretés faudra-t-il qu’elle fasse elle aussi, jour par jour, pour arracher avec ses dents son petit lambeau de bonheur ? Dites, à qui devra-t-elle mentir, à qui sourire, à qui se vendre ? Qui devra-t-elle laisser mourir en détournant le regard ?

CREON, hausse les épaules. : – Tu es folle, tais-toi.

ANTIGONE : – Non, je ne me tairai pas ! Je veux savoir comment je m’y prendrais, moi aussi, pour être heureuse. Tout de suite, puisque c’est tout de suite qu’il faut choisir. Vous dites que c’est si beau, la vie. Je veux savoir comment je m’y prendrai pour vivre.

CREON : – Tu aimes Hémon ?

ANTIGONE : – Oui, j’aime Hémon. J’aime un Hémon dur et jeune ; un Hémon exigeant et fidèle, comme moi. Mais si votre vie, votre bonheur doivent passer sur lui avec leur usure, si Hémon ne doit plus pâlir quand je pâlis, s’il ne doit plus me croire morte quand je suis en retard de cinq minutes, s’il ne doit plus se sentir seul au monde et me détester quand je ris sans qu’il sache pourquoi, s’il doit devenir près de moi le monsieur Hémon, s’il doit appendre à dire ” oui “, lui aussi, alors je n’aime plus Hémon.

CREON : – Tu ne sais plus ce que tu dis. Tais-toi.

ANTIGONE : – Si, je sais ce que je dis, mais c’est vous qui ne m’entendez plus. Je vous parle de trop loin maintenant, d’un royaume où vous ne pouvez plus entrer avec vos rides, votre sagesse, votre ventre. (Elle rit.) Ah ! Je ris, Créon, je ris parce que je te vois à quinze ans, tout d’un coup ! C’est le même air d’impuissance et de croire qu’on peut tout. La vie t’a seulement ajouté ces petits plis sur le visage et cette graisse autour de toi.

CREON, la secoue : – Te tairas-tu, enfin ?

ANTIGONE : – Pourquoi veux-tu me faire taire ? Parce que tu sais que j’ai raison ? Tu crois que je ne lis pas dans tes yeux que tu le sais ? Tu sais que j’ai raison, mais tu ne l’avoueras jamais parce que tu es en train de défendre ton bonheur en ce moment comme un os.

CREON : – Le tien et le mien, oui, imbécile !

ANTIGONE : – Vous me dégoûtez tous, avec votre bonheur ! Avec votre vie qu’il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu’ils trouvent. Et cette petite chance pour tous les jours, si on n’est pas trop exigeant. Moi, je veux tout, tout de suite -et que ce soit entier- ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d’un petit morceau si j’ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd’hui et que cela soit aussi beau que quand j’étais petite -ou mourir.

I. Étude de texte: (10 pts)

1) Recopiez et complétez ce tableau :
Auteur:         Titre de l’oeuvre:         Genre littéraire:         Siècle:

2) Situez ce passage dans la pièce.

3) Dans cet extrait. Antigone et Créon échangent des propos, quel est le thème de leur conversation ?

4) Pourquoi les répliques d’Antigone, sont-elles plus longues que celles de Créon?

5) Dans ce dialogue avec Antigone, Créon se montre de plus en plus nerveux. Relevez dans ce passage les moyens qui traduisent cette nervosité.

6) Quel type de phrase Antigone utilise-t-elle dans la quatrième réplique. Qu’est-ce que cela traduit sur son état d’esprit dans cette scène.

7) Quelle figure de style est contenue dans les phrases soulignées?
Les phrases sont : “…défendre ton bonheur en ce moment comme un os.” /On dirait que des chiens lèchent tout ce qu’ils trouvent.”
8) Quelle image donne-t-elle de Créon?

9) Pourquoi, d’après-vous, Créon traite-t-il Antigone de folle?

10) Quelle est la conception de la vie et du bonheur selon Antigone?

Évaluation  3

ANTIGONE, (secoue la tête) : Je ne veux pas comprendre, C’est bon pour vous. Moi je suis là pour autre chose que pour comprendre. Je suis là pour vous dire non et pour mourir.

CRÉON : C’est facile de dire non !

ANTIGONE : Pas toujours.

CRÉON : Pour dire oui, il faut suer1 et retrousser ses manches, empoigner la vie à pleines mains et s’en mettre jusqu’aux coudes. C’est facile de dire non, même si on doit mourir, Il n’y a qu’à ne pas bouger et attendre. Attendre pour vivre, attendre même pour qu’on vous tue. C’est trop lâche. C’est une invention des hommes. Tu imagines un monde où les arbres aussi auraient dit non contre la sève2, où les bêtes auraient dit non contre l’instinct de la chasse ou de l’amour ? Les bêtes, elles au moins, sont bonnes et simples et dures. Elles vont, se poussant les unes après les autres, courageusement, sur Je même chemin, et si elles tombent, les autres passent et il peut s’en perdre autant que l’on veut, il en restera toujours une de chaque espèce prête à refaire des petits et à reprendre Je même chemin avec le même courage, toute pareille à celles qui sont passées avant.

ANTIGONE : Quel rêve, hein, pour un roi, des bêtes ! Ce serait si simple.

(Un silence, Créon la regarde)

CRÉON : Tu me méprises, n’est-ce pas ? (Elle ne-répond pas, il continue comme pour lui) C’est drôle. (…) (Il a pris sa tête dans ses mains. On sent qu’il est à bout de forces.)

Écoute-moi tout de même pour la dernière fois, Mon rôle n’est pas bon, mais c’est mon rôle et je vais te faire tuer. Seulement, avant, je veux que toi aussi tu sois bien sûre du tien. Tu sais pourquoi tu vas mourir, Antigone ? Tu sais au bas de quelle histoire tu vas signer pour toujours ton petit nom sanglant ?

ANTIGONE : Quelle histoire ?

CRÉON : Celle d’Étéocle et de Polynice, celle de tes frères. Non, tu crois la savoir, tu ne la sais pas. Personne ne la sait dans Thèbes, que moi. Mais Il me semble que toi, ce matin, tu as aussi le droit de l’apprendre. (Il rêve un temps, la tête dans ses mains, accoudé sur ses genoux. On l’entend murmurer). Ce n’est pas bien beau, tu vas voir. (Et il commence sourdement sans regarder Antigone). Que te rappelles¬-tu de tes frères, d’abord ? Deux compagnons de jeux qui te méprisaient sans doute, qui te cassaient tes poupées, se chuchotant éternellement des mystères à l’oreille l’un de l’autre pour te faire enrager3 ?

ANTIGONE : C’étaient des grands.

 

 

I. ÉTUDE DE TEXTE : (10 points)

1. Complétez-le ce texte de présentation et recopiez-le en tenant compte des indications suivantes : date d’écriture, nom du père, genre théâtral, nom du dramaturge. (0,25 x 4)

Antigone est une ………………… moderne écrite au ……………… siècle par le dramaturge français ………………… . Cette pièce représente le destin malheureux d’Antigone, fille de Jocaste et d’………….

2. Pour situer le texte dans l’œuvre, répondez aux questions suivantes :

a. Pourquoi Antigone a-t-elle été prise et ramenée au palais par les gardes de Créon ? (0,5)

b. En accomplissant cet acte, Antigone savait-elle qu’elle risque la peine de mort ? (0,5)

 

3. Lisez la première réplique d’Antigone, puis répondez aux questions suivantes :

a. Quel type de phrases Antigone y emploie-t-elle ? (0,25)

b. En employant ce type de phrases, Antigone est-elle une fille hésitante, décidée ou indifférente ? (0,5)

c. Quelle didascalie (indication scénique) vient appuyer cette attitude d’Antigone ? (0,25)

4. Dans son face à face avec Antigone, Créon défend l’idée selon laquelle il n’est pas facile de dire « oui ».

a- Dites si cette idée est vraie ou fausse. (0,5)

b- Justifiez votre réponse par une expression relevée dans la première tirade de Créon. (0,5)

5. a – Pour convaincre sa nièce, Créon recourt à des exemples liés à la nature. Relevez un de ces exemples. (0,5)

b – Utilise-t-il ces exemples pour illustrer l’importance de la vie, la beauté de la nature ou la nécessité de mourir ? (0,5)

6. Antigone adopte une attitude méprisante vis-à-vis de son oncle Créon.

a. Relevez dans sa réplique une expression qui montre cette attitude. (0,5)

b. Dans cette même réplique, Antigone parle-t-elle à son oncle sur un ton ironique, pathétique ou lyrique ? (0,5)

7. « Mon rôle n’est pas bon, mais c’est mon rôle et je vais te faire tuer ».

a. De quel rôle parle Créon ici ? (0,5)

b. Réécrivez tout l’énoncé en employant un moyen de concession convenable. (0,5)

8. a – Créon donne-t-il une image valorisante ou dévalorisante des deux frères d’Antigone ? (0,5)

b – Pour quelle raison Créon parle-t-il de cette façon des deux frères ? (0,5)

9. Êtes-vous d’accord avec cette façon dont Antigone s’adresse à son oncle dans ce texte ? Justifiez votre avis par un argument personnel. (0,5 x 2)

10. À qui des deux personnages donneriez-vous raison dans cet extrait ? Justifiez votre point de vue par un argument pertinent. (0,5 x 2)

II. PRODUCTION ÉCRITE : (10 points)

Sujet : Certains jeunes pensent que les meilleurs parents sont ceux qui accordent une liberté totale à leurs enfants et qui n’interviennent pas dans leur vie pour les orienter ou les conseiller. Êtes-vous d’accord avec cette opinion ? Rédigez un texte dans lequel vous développez votre point de vue à l’aide d’arguments et d’exemples précis.

Évaluation 4

CRÉON : -Tu l’apprendras toi aussi, trop tard, la vie c’est un livre qu’on aime, c’est un enfant qui joue à vos pieds, un outil qu’on tient bien dans sa main, un banc pour se reposer le soir devant sa maison. Tu vas me mépriser encore, mais de découvrir cela, tu verras, c’est la consolation dérisoire de vieillir, la vie, ce n’est peut-être tout de même que le bonheur. 

            ANTIGONE, murmure, le regard perdu. : – Le bonheur…

CRÉON, a un peu honte soudain. : – Un pauvre mot, hein? 

ANTIGONE : – Quel sera-t-il, mon bonheur? Quelle femme heureuse deviendra-t-elle, la petite Antigone? Quelles pauvretés faudra-t-il qu’elle fasse elle aussi, jour par jour, pour arracher avec ses dents son petit lambeau de bonheur? Dites, à qui devra-t-elle mentir, à qui sourire, à qui se vendre? Qui devra-t-elle laisser mourir en détournant le regard?

CRÉON, hausse les épaules : – Tu es folle, tais-toi.

ANTIGONE : – Non, je ne me tairai pas! Je veux savoir comment je m’y prendrai, moi aussi, pour être heureuse. Tout de suite, puisque c’est tout de suite qu’il faut choisir. Vous dites que c’est si beau, la vie. Je veux savoir comment je m’y prendrai pour vivre. CREON : – Tu aimes Hémon

Compréhension de l’écrit et langue :

      Complétez le tableau suivant : (3 pts)

2.      Donnez les dates de naissance et de décès de l’auteur. (2pts)

………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

3.      Citez deux noms d’autres œuvres du même auteur. (2pts)

………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

4.      Relevez dans ce passage deux indices qui montrent que cet extrait est tiré d’une pièce de théâtre. (2 pt)

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

   5.   Pour situer cet extrait, dites si les affirmations suivantes sont « vraies » ou « fausses »  

a) Antigone respecte la loi de Créon qui interdit à quiconque d’enterrer le cadavre de Polynice.

b) Créon veut sauver Antigone.

d) Antigone reconnaît sa faute et présente ses excuses à Créon.

6.      « Non, je ne me tairai pas! » Cette réponse montre qu’Antigone est :

a) Obéissante ;

b) Désobéissante.                                                   Cochez la bonne réponse () (1 pt) 

7.      Précisez la figure de style (Personnification, métaphore). (1,5pt)

La vie c’est un livre qu’on aime ; ………….…………………………..……

C’est un enfant qui joue à vos pieds………….…………………………..……

8.      Antigone refuse le bonheur proposé par Créon. Citez un argument qui justifie ce refus. (1pt)

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

     …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
9. Nommez chacune des deux répliques  (1,5pt)

    …… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
… 10.  Comment appelle-t-on l’expression en italique soulignée
 dans le passage ? (1,5pt) : 0,75 x 2)

……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

Dites à quoi sert ?……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

 Relevez du passage deux indices d’énonciation selon le tableau  suivant : (2,5pt)

………………………………………….……………………………………

……………………………………………

…………………………………………

 ……………………………………

………………………………………

Présentation de la copie : (1pt)


 

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